Philosophie du goût : manger, digérer et jouir - Olivier Assouly
En opposition aux normes, cet essai développe l'idée d'une jouissance alimentaire.
Le goût comme objet philosophique? Que l'Occident se soit refusé jusqu'à présent à accorder au goût, sens réputé « primitif » et inférieur à la vue, un statut majeur semble être un fait a priori anodin.
Toutefois, la nutrition pourrait être l'angle mort d'une culture rationaliste qui a manqué d'en apprécier à sa juste valeur la portée véritable. Contester aux saveurs de concourir à l'édification de la science, à la vérité ou l'art, n'est-ce pas se priver d'autres manières de sentir, de saisir le réel et d'être au monde?
Traditionnellement, l'organe du goût répond à la nécessité de vivre, pure fonction biologique, qui laisse entendre qu'une existence proprement humaine, louable et supérieure, morale et politique, doit se dresser contre ce corps vivant, avide et affamé, en repoussant la démesure gourmande et une consommation destructrice.
Face à des concepts réfractaires à toute jouissance alimentaire, la Philosophie du goût élabore un modèle singulier de sensibilité gustative qui pourrait ébranler autant les fondations de la métaphysique que celles de nos cultures occidentales.